La question de l’éducation financière est au centre des préoccupations d’un de ces événements créés pour attirer l’attention des médias et être relayés vers le grand public. Cela fait deux ans maintenant chez nous que la dernière semaine de ce mois de mars est rebaptisée «Semaine de l’argent», destinée à sensibiliser le grand public sur les questions d’éducation financière. La thématique cette édition 2017 : «Épargner… ou pas?» (voir Télex page 29). Cette initiative, organisée par Wikifin, le programme d’éducation financière de la FSMA (Autorité belge des services et marchés financiers), devrait également être l’occasion du lancement d’une plateforme destinée à répertorier les initiatives existant en matière d’éducation financière. Celle-ci devrait être alimentée par les porteurs de projets eux-mêmes au moyen d’un formulaire à remplir en ligne et à la condition que ces initiatives répondent à certains critères, entre autres pédagogiques.
Le 9 mars dernier, AG Insurance lançait Yongo, sa plateforme d’épargne et d’investissement par et pour les enfants et leurs supporters (www.yongo.be). Une plateforme digitale basée sur l’interactivité et présentée comme permettant d’appuyer les parents dans leur rôle d’éducation financière et d’incitation à l’épargne. Une étude auprès de 1.000 parents et réalisée par le bureau d’études indépendant Ivox a été réalisée, démontrant l’intérêt que portent les parents à cette question de l’épargne: en effet, quatre parents sur cinq encouragent leurs enfants à mettre de l’argent de côté. 82% des parents interrogés épargnent pour leurs enfants, en moyenne 40 euros par mois. Mais dans le même temps ils disent ne pas très bien savoir comment s’y prendre et déplorent l’absence d’outils appropriés.
Qu’à cela ne tienne, selon le communiqué de presse d’AG Insurance, la plateforme Yongo apporte une réponse à toutes ces questions. Une réponse assez orientée «Produits», tout de même. Cette plateforme permet l’ouverture de comptes, à court et/ou à long terme sur lesquels peuvent être déposées des sommes d’argent par les parents, les grands-parents ou encore les amis. Pour les projets d’épargne court terme (pour acheter un vélo, une console de jeux ou une batterie): Yongo Dreams, soit une assurance de branche 26 qui permet d’effectuer des dépôts et des retraits, avec un rendement garanti, sans frais, ni précompte immobilier sur les intérêts, mais 2% de taxes sur les primes. Pour les projets d’épargne à long terme: Yongo Moon (branche 21) et Yongo Star (branche 23), qui sont des placements à risque, mais avec des rendements potentiellement plus élevés. Avec dans les deux cas, la souscription d’une assurance-vie dont l’enfant est preneur, assuré et bénéficiaire.
Le concept dépasse de loin celui du compte d’épargne classique, puisque l’enfant devient, aidé par ses parents, un investisseur « avisé ». Pour accompagner les familles dans leur démarche, la plateforme propose également des articles à destination des parents dans un premier temps. Les logiques commerciale et éducative se croisent et finissent par se confondre, à tel point que cette nouvelle offre d’AG Insurance a reçu l’aval et la collaboration de la Ligue des familles et de Gezinsbond. Patrick Binot, directeur de la Ligue des familles, se dit dans le communiqué de presse d’AG Insurance très positif à l’égard du concept et de l’approche de Yongo. Une alliance qui laisse pourtant perplexe…
À côté de cette initiative interrogeante, on peut signaler la démarche du réseau Financité, à travers la création d’une plateforme réunissant les acteurs de l’école et du secteur non-marchand actifs sur le terrain de l’éducation financière, selon l’angle de la consommation responsable. Cette plateforme est soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un guide relatif à cette consommation responsable avait déjà été rédigé par Financité en 2016 (https://www.financite.be/sites/default/files/guide.pdf) et le Réseau a été désigné comme expert dans le cadre du projet européen Consumer Classroom (https://www.consumerclassroom.eu/fr/), une vaste bibliothèque de ressources pédagogiques sur l’éducation à la consommation.
Une initiative qui tend à mettre en avant le fait que la question de l’éducation financière ne peut faire l’économie d’une question sous-jacente et fondamentale : quelle vision de la consommation veut-on imprimer à travers l’éducation?
Nathalie Cobbaut,
rédactrice en chef des Échos du crédit et de l’endettement