C’est à la Maison de la presse de Charleroi que les Échos du crédit ont convié, le 4 décembre dernier, leurs lecteurs, le comité de rédaction et autres sympathisants à venir fêter les dix ans de la revue, tout en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les vingt années de médiation de dettes réglementée en Région wallonne. Coups d’éclairage sur les interventions lors du débat et photos d’ambiance de ce rendez-vous décontracté.
Robert Geurts, directeur général honoraire du SPF Économie et administrateur de l’Observatoire du crédit et de l’endettement, à propos de la médiation de dettes: «Dans les années 80, avec la montée en puissance des crédits à la consommation, on a vu apparaître des centralisateurs de dettes qui recrutaient leurs clients par petites annonces et proposaient un aménagement des modalités de paiement de dettes moyennant rémunération. Généralement, cette activité aggravait la situation des personnes, parfois même sans qu’aucune démarche n’ait été entreprise par ces centralisateurs. Avec la loi sur le crédit à la consommation de 91, la médiation de dettes est en réalité interdite, sauf pour une série d’acteurs désignés. Ce sont les autorités fédérées qui sont chargées de désigner le cadre des prestations des médiateurs de dettes et ce fut le cas en 1994 en Région wallonne. Vingt ans donc de médiation de dettes réglementée dans le sud du pays: le compte est bon! Depuis, les choses et les législations ont beaucoup évolué […].» (extrait)
Didier Noël, conseiller scientifique à l’Observatoire du crédit et de l’endettement, à propos de la régulation du secteur financier: «En matière de crédit à la consommation, nous avons de bons textes. S’il y a encore des choses à améliorer au niveau de certains textes (notamment concernant la tarification des huissiers de justice) et s’il faut que le législateur passe au-dessus de certains lobbys pour les dépoussiérer, qu’en est-il de l’application des textes existants? Là, je suis un petit moins optimiste. Je pense que la loi sur le crédit à la consommation n’est pas toujours appliquée. Les services de terrain comme les médiateurs de dettes voient régulièrement dans leur travail le résultat de l’octroi irresponsable de crédit, et, à cet égard, je ne crois plus tellement à l’autorégulation du secteur financier.» (extrait)
Une médiatrice de dettes du CPAS de La Louvière, à propos du travail quotidien de médiation de dettes: «L’endettement des personnes que nous aidons a évolué avec le temps et nos médiatrices sont de plus en plus affectées, car le profil des personnes aidées n’est pas si éloigné du leur. Ce sont de plus en plus des ménages qui n’arrivent plus à nouer les deux bouts. Les personnes se paupérisent, malgré le fait qu’ils travaillent. Par ailleurs, au niveau du personnel, les aides à l’emploi de type APE, reconduites d’année en année, rendent précaires les emplois des médiatrices, alors qu’il faut suivre les dossiers sur le long terme, notamment en RCD.» (extrait)
Dominique Moineaux, présidente du tribunal du travail de Charleroi, à propos du RCD: «Les chiffres du RCD montrent l’ampleur du phénomène: ici à Charleroi, en 2000, 200 dossiers par an; en 2013, on est à 1.000 dossiers. En temps de travail: 30% du temps en magistrats et 35% du temps en personnel pour le RCD. 1.027 décisions dans ce contentieux en 2008; en 2013, 4.995, soit cinq fois plus […]. Il faut se demander si la procédure de RCD permet vraiment de régler les difficultés des plus défavorisés: alors que le revenu d’intégration sociale est aux alentours de 800 euros, le politique devrait se poser certaines questions. On efface les dettes, on finance le tribunal du travail, on finance l’Observatoire du crédit, la médiation de dettes, le Fonds de traitement du surendettement. Mais ne faudrait-il pas plutôt investir dans une augmentation de ces revenus les plus bas pour qu’ils passent le seuil de pauvreté.» (extrait)
Télécharger le PDF ECE 10 ans Intervention R. Geurts